Jusqu’en 40 000 avant JC, il existe une série de sculptures taillées dans la pierre qui représentent une figure féminine aux seins généreux et aux hanches larges. Ce sont les Vénus préhistoriques symbolisant la fertilité, la prospérité et l’abondance.
Que sont les Vénus préhistoriques et quand apparaissent-elles ?
On les trouve partout sur la planète Terre et il est difficile de les dater. Les plus anciennes remontent à 40 000 avant JC. C et sont la représentation la plus importante de la sculpture préhistorique. Parallèlement à la réalisation des énigmatiques peintures rupestres dans les grottes, les abris et les cavernes, une série de statuettes féminines aux seins et aux hanches larges a été découverte.
Certaines d’entre elles sont autoportantes, c’est-à-dire qu’il s’agit de sculptures indépendantes, d’autres sont creusées dans la roche et entièrement visibles et d’autres encore ne sont que des traces dans des dolmens, des grottes et des croméléques. Bien que les plus courants soient en pierre, on en trouve également en os et en bois. Tous, selon toute probabilité, sont des figures réalisées dans un but magique, rituel ou religieux et, en outre, on y voit clairement un fort symbole de fertilité .
Au Paléolithique, la chasse et la cueillette de l’humanité ont trouvé un lien de cause à effet entre la vie et la mort. Cette conscience de la fin et du malaise qu’elle provoque déclenche toutes les manifestations artistiques connues. Parmi elles, les Vénus préhistoriques, aussi énigmatiques que subjuguantes, dont la portée a atteint l’art contemporain avec des influences sur des artistes appartenant à l’avant-garde historique. Les représentants du cubisme en sont un bon exemple .
Caractéristiques des Vénus préhistoriques
1.- Ils sont réalisés, pour la plupart, en pierre, soit comme figures autonomes, soit comme taillées dans la roche. C’est le cas de celui trouvé à Laussel, en Dordogne, et daté entre 27 000 et 18 000 avant JC. Bien reconnaissable, il porte dans sa main une corne de bison.
2.- Il existe également des exemples dans d’autres matériaux, comme l’ivoire et le bois, bien que ceux-ci soient moins fréquents en raison de l’usure qu’ils ont subie au cours des millénaires. Cela ne veut pas dire qu’ils ont été sculptés encore plus fréquemment.
3.- Les gros seins et les hanches larges sont parfaitement reconnaissables tandis que la tête est représentée grossièrement avec des cheveux en tresse, des dreadlocks ou des boucles. Les traits du visage apparaissent rarement, mais l’incision qui représente le nombril est courante.
4- La proportion met l’accent sur la partie de l’abdomen et les zones du corps qui favorisent la procréation et l’alimentation des enfants.
5.- Les Vénus préhistoriques sont l’exemple le plus clair du symbole de fertilité et d’abondance de ces manifestations artistiques primitives.
6.- Ces sociétés étaient conscientes de la valeur de la fertilité comme moyen non seulement de se perpétuer mais aussi de se protéger (plus il y en a, mieux c’est) et de s’enrichir (plus d’armes pour le travail ou la chasse). Dans ce contexte primitif, la mère devient l’un des symboles essentiels, avant la maison, la montagne, l’eau ou la mer.
7.- La fertilité est la grande représentation de la vie par opposition à la mort.
8.- Selon toute probabilité, ces sculptures avaient une fonction magique, religieuse ou rituelle, soit pour évoquer ces naissances nécessaires, soit pour fournir de la nourriture aux plus faibles.
9.- Les figures sont grossièrement sculptées et centrées dans la représentation générale. Ils ne s’attardent donc pas sur les traits individuels.
10.- Vers l’âge du cuivre (entre le 4ème et le 3ème millénaire avant JC) apparaissent en Italie quelques stèles qui représentent ces figures, mais elles ont déjà été stylisées et incluses avec les symboles les plus importants (les seins). Un soupçon de visage et des lignes apparaissent qui veulent imiter un tissu peu profond. La hauteur est considérable puisqu’ils atteignent celle d’un humain moderne.
Symboles, rituels et magie autour des Vénus préhistoriques
Bien que le terme d’inconscient collectif proposé par CG Jung date du milieu du XXe siècle, ce type de sculpture répond à cette définition. L’homme primitif qui s’ouvre à la sagesse est d’abord conscient de la mort.
Avec la fin du corps se pose la question d’une possible vie après la mort dans laquelle l’incorporel se transforme en quelque chose d’émouvant ou de spirituel. Tout cela implique un processus complexe d’abstraction dans lequel apparaissent presque en même temps un sentiment religieux, un sentiment d’appartenance et un désir de contrôler un processus inconnu. Dans ce contexte apparaissent les Vénus préhistoriques, premières manifestations sculpturales de l’humanité et toutes font référence au concept de fertilité.
Or, la fertilité doit être comprise non seulement comme le symbole de l’abondance dans tous les ordres vitaux mais aussi dans son aspect protecteur. De plus, si l’on va plus loin dans le symbole, la procréation est un moyen de vaincre la mort puisque la génétique (même si tout cela n’était pas connu à l’époque) se poursuit dans la descendance. Après tout, un enfant est une façon supplémentaire de vivre plus longtemps une fois que nous sommes partis.
Les Vénus préhistoriques ont été insérées dans de petites sociétés tribales de chasse et de cueillette qui ont commencé à façonner les clans, les liens familiaux, le travail de groupe et la nécessité d’éviter la mort.
Selon toute vraisemblance, avec la danse et la musique (percussions sur terre), sont nées ces figures qui auraient un caractère rituel ou magique. Avec eux, on invoquerait la richesse représentée par les enfants, la progéniture, les armes pour le travail, la chasse ou la défense contre les ennemis. En ce sens, ces figures féminines (et les mêmes femmes qui répondaient au prototype physique) étaient considérées comme essentielles à la survie de la communauté.
Tout y est explicite sur ce qui est important. Les hanches sont larges et les seins sont énormes. Chez certains, un nombril est visible tandis que la tête présente une coiffure rugueuse. Nous ne connaissons ni yeux ni bouches puisque l’expression ou les sentiments de ces Vénus préhistoriques n’étaient pas déterminants pour ceux qui les ont créées.